4 trimestres pour une grossesse

4 trimestres pour une grossesse

4 trimestres pour une grossesse ?

Quand je parle du sujet de l’article que je rédige à mon compagnon et que j’évoque le 4ème trimestre de la grossesse, son étonnement est sans équivoque : « 4ème trimestre ? mais une grossesse, c’est 9 mois ! »
9 mois, c’est 3 trimestres, CQFD, il sait compter.


Mais pourquoi parler de ce 4ème trimestre alors ?
Simplement parce qu’au même titre que la grossesse et la naissance, c’est une période intense de grands bouleversements, tant au niveau physique qu’émotionnels et qu’il est plus que temps de la mettre en lumière pour que les nouveaux parents soient accompagnés dans cette traversée.


Lorsqu’une femme est enceinte, une grande attention est mise autour de la grossesse, de sa santé et celle du bébé puis, sur la préparation à la naissance.


Ce qui va se passer une fois le bébé sorti reste un grand flou pour la plupart des jeunes parents.


Je me rappelle tellement bien ce retour de la maternité quelques jours après la naissance de mon aîné, maxi cosy sous le bras… « Et maintenant, on fait quoi ? »
Je me souviens aussi de cette remarque de ma grand-mère venant admirer mon bébé nouveau-né : « Mais ! Tu es encore grosse ! » preuve flagrante du mythe qui règne autour de ce corps post-grossesse mais aussi du manque d’informations autour de la vulnérabilité psychique de la nouvelle mère.


Aujourd’hui, en Occident, la pression sur les mamans est grande.
Les familles nucléaires, en l’absence d’un « clan » se retrouvent bien souvent isolées, livrées à elle-même, sans possibilité de soutien et de modélisation.


Les jeunes mamans voient très peu « comment être une maman » avant d’y être plongées elles-mêmes.
La grossesse n’étant « pas une maladie », la période post-natale n’est pas considérée à sa juste place comme une période intense, de bouleversements physiques et émotionnels.


Rien que l’appellation « congé de maternité » induit tout un chacun en erreur…
Afin que les parents soient informés et puissent avoir toutes les clés en main pour vivre cette période de la manière la plus sereine possible, je vous propose un petit tour d’horizon des chamboulements post-naissance.


Autrefois, et encore dans certaines cultures, la période qui suivait la naissance était une vraie période de convalescence pour la maman.
Pendant 40 jours, la maman restait allongée, avec son bébé, et l’entourage prenait soin d’elle afin qu’elle n’ait rien d’autre à faire que de rencontrer le petit être qu’elle venait de mettre au monde.

Plan physique
Le corps qui s’était préparé et modifié pendant 9 mois va, en quelques heures puis quelques semaines vivre un chamboulement extrême.
À la naissance du bébé, deux phénomènes physiques dominent :
• La lactation
• La déconstruction des structures mises en place pendant la grossesse.

Si le phénomène de lactation est de mieux en mieux connu et accompagné, la déconstruction des structures est collectivement ignorée.
L’on s’attend à ce que la jeune mère retrouve « son corps d’avant », ce qui est impossible.
Ce temps du corps féminin est tellement ignoré qu’il n’y a même pas de mot pour le nommer !
Le corps de la femme ère donc dans un vide entre son corps enceint et son « nouveau corps de mère », vivant de grands changements dans l’intimité, sans pouvoir facilement en parler autour d’elle.
Afin de faire exister, de reconnaitre cette période particulière, Ingrid Bayot, sage-femme, propose un néologisme : la rétrogestation.


Si le fantasme de l’après pouvait exister dans l’imaginaire en prénatal, la réalité biologique de la période post-partum est hyperréaliste… Adieu corps parfait, lisse, désincarné – Bonjour lochies*, pertes de lait, transpiration intense !


Nulle ne peut échapper aux phénomènes de rétrogestation.
Cette période dure environ 6 semaines ; 6 semaines pendant lesquelles l’utérus va retrouver sa taille normale, les hormones intensément se modifier, les liquides progressivement retrouver leur équilibre et bien d’autres éléments encore !

Plan émotionnel


Sur le plan émotionnel, les jeunes parents vivent également des moments intenses, teintés de moments d’émerveillements, de pur bonheur comme de découragement, d’épuisement ou de panique.

L’attention, jusque-là portée sur la maman et son ventre rond, est désormais focalisée sur le bébé ; chacun veut le rencontrer, le toucher.

Mais qui prend sincèrement des nouvelles de la jeune maman ?

Alors que la jeune mère est dans une certaine vulnérabilité émotionnelle, les pressions sont grandes pour être une mère parfaite, retrouver son corps d’avant et faire face aux tâches du quotidien.

Alors que la responsabilité d’un petit être leur tombe dessus, les discours des professionnels et de l’entourage divergent bien souvent, laissant les jeunes parents sans repères.

Trop peu sont celles et ceux qui sont entourés, soutenus, aidés, aiguillés avec bienveillance dans leur nouveau rôle.


Plan symbolique


Symboliquement, ce corps qui s’est ouvert au passage du bébé, amorce un temps de fermeture.
La maman, qui est dans un attachement « bio-physico-hormono-affectivo-sensoriel » avec son bébé, qui lui prend tout son temps et son énergie, a besoin d’être contenue.
Elle a besoin, pour pouvoir se dédier entièrement à son nouveau-né, d’être « maternée » à son tour.


Les discours tendant à la ramener rapidement à une vie sexuelle, à une ouverture d’elle-même, sont irrationnels et peuvent créer des tensions ingérables.

Au fur et à mesure de cette refermeture, de ce retour à elle-même, un nouvel équilibre familial et conjugal va prendre place.
Notez que cela peut prendre du temps et que chacune le vivra à son propre rythme.

Et le papa ?
Le sujet du 4ème trimestre de la grossesse côté papa mériterait à lui seul un article, ne fut-ce que pour symboliquement donner de la place à leur vécu.
Les papas traversent, eux aussi, des temps d’adaptation, de tatônnements et d’ajustements.
Mais sans pouvoir s’accrocher à un vécu biologique, ils sont souvent en manque de repères concrets.


Leur bonne volonté est pourtant évidente et, s’ils peuvent aider de manière concrète, leur présence et leur participation sont très constructives, tant pour leur identité de père que pour la construction du couple parental.


Aujourd’hui, les attentes envers les futurs papas sont multiples et floues…
• Accompagner sa partenaire lors de la naissance, l’aidant dans les postures, des massages, …
• Cuisiner, faire le ménage, la logistique et s’occuper de l’aîné/des aînés
• Être un guerrier protecteur de la bulle mère-enfant
• Être une mère de rechange pour le bébé
• Mais aussi être un père pour le bébé
• “Materner” la jeune accouchée…
• … Tout en faisant en sorte qu’elle se sente encore femme désirable….

… beaucoup d’attentes pour un seul homme, et parfois très contradictoires !


Par ailleurs, certains hommes gardent des séquelles de la naissance et n’ont pas d’espace pour se dire.
Si elle a été instrumentée, s’il aurait préféré ne pas être présent, s’ils pensent ne pas avoir le droit d’avoir souffert parce que ça ne s’est pas passé dans leur chair, ils taisent leurs émotions, les pensant non valables ou moins importantes que celles de la maman.


À cela s’ajoute la croyance que, si la maman allaite, le papa est inutile.
Ce qui est complètement faux, mais qui fait en sorte que certains hommes préfèrent rester en retrait.
Même s’il ne le nourrit pas sur le plan alimentaire, le papa a une grande place dans le développement sensoriel et relationnel de son bébé. Il le nourrit alors par les contacts, les bercements, les bains, les chants, les regards, les jeux, …


Au niveau hormonal, le papa qui s’occupe de son bébé va voir son taux de prolactine augmenter, le rendant plus protecteur et attentionné… et par ailleurs, son taux de testostérone va baisser, impliquant une baisse de sa libido. C’est temporaire !
Le couple ainsi régulé va pouvoir se focaliser pleinement sur cette étape orientée bébé !
Vous constaterez que cette période est dense et intense pour chacun… et qu’il est plus que nécessaire de la préparer soigneusement avec vos accompagnants avant la naissance.

En Préparation au post-natal…

Au niveau humain, construisez votre communauté d’amis ou de professionnels qui pourront vous soutenir dans cette période intense.

Au niveau logistique, demandez de l’aide !
Prévoyez des petits plats tout prêts dans le congélateur, une aide-ménagère, quelqu’un qui pourra prendre le relais auprès des grands si nécessaire…
Ingrid Bayot a édité un carnet de “chèque-cadeaux” de naissance qui vous permettront de demander facilement ce dont vous avez besoin, en téléchargement gratuit sur son site www.ingridbayot.com !

 

 

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